Traité amusant d'écologie urbaine - Anne Burgi Diop (1997)



Je suis tombée sur cet ouvrage entre les allées de mon magasin bio.

Traité amusant d’écologie urbaine - À la reconquête de la ville de A à Z
Anne Burgi Diop - Éditions Jouvence, 1997

Être écolo, c’est faire des choix.



Approche analytique ou approche systémique ?

Les systèmes naturels de la biosphère sont ouverts, dynamiques, hautement complexes et - très important - irréversibles.

En clair, cela signifie qu’ils peuvent changer de structure et d’état à partir d’écarts de faible amplitude, lesquels sont gouvernés par des boucles de rétroaction positives ou négatives - le feedback des Anglo-Saxons. Une rétroaction positive signifie que l’écart au départ s’accroît, jusqu’à rupture du système. Un exemple connu est la croissance démographique galopante de ce siècle, ou encore la construction de nouvelles routes appelant un volume de trafic toujours plus dense, fait qui amène la construction d’autres routes etc. Une rétroaction négative implique au contraire que le système se maintient dans les limites acceptables pour sa survie, c’est-à-dire que son entropie reste à un niveau stable et bas.

Entropie : du grec entropia, signifiant retour en arrière. Il s’agit de l’énergie se dissipant de manière telle qu’elle n’est plus disponible pour produire un travail utile. On l’appelle aussi énergie usée ou dégradée.

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » avait affirmé le chimiste français Antoine Laurent Lavoisier au 18ème siècle.

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se recycle » paraphrasent les écologistes. Et c’est ça l’invention géniale de Gaïa : le recyclage, mécanisme régulateur fabuleusement complexe permettant à l’écosystème de maintenir sa structure et ses multiples fonctions.


De même que tout organisme complexe, la ville voit coexister les deux formes de rétroaction (positives ou négatives), mais quelle est la résultante de celle-ci ? Autrement dit, les villes actuelles connaissent-elles un développement équilibré, viables pour l’ensemble de ses habitants ?

Béton ou biodiversité ?

Béton : du latin bitumen, bitume, matériau de construction formé d’un mortier et de pierres concassées (gravier) ; telle est la définition donnée par le dictionnaire du béton, inventé en l’an de disgrâce 1850.

Autres caractéristiques :
- il est une roche artificielle ;
- il vieillit mal ;
- il est chimiquement inerte ;
- il est très solide, résistant bien aux agressions physico-chimiques ;
- il transforme les pièces de logement en véritables cages de Faraday.


Compétition ou collaboration ?

La domination, résultante de la compétition, est l’expression sociologique du fonctionnement du cerveau reptilien ; cette partie de l’encéphale que tout être humain possède est vieille de deux cents millions d’années. Ce « vieux cerveau » a permis l’engrammation par l’apprentissage de comportements stéréotypés et programmés (instinctifs), tels que l’établissement et la défense du territoire, les hiérarchies sociales, la lutte ou la fuite, l’accouplement, la faim et la soif, etc.

Chez l’homo sapiens, il en subsiste notamment les éléments - inconscients - de propriété, de classe ou de patrie, avec tout ce que cela implique : bagarres, luttes, guerres. Le malheur, c’est que ces confrontations, strictement instinctives chez les mammifères supérieurs, ont une composante affective chez l’homme grâce au système limbique, lieu du processus de mémoire, d’apprentissage et d’élaboration des sentiments. Et, à la différence de tous les autres mammifères, l’être humain a beau se prévaloir d’un néocortex (littéralement nouveau cerveau ») très développé, appelé aussi « cerveau imaginant » (base fonctionnelle de l’imagination créatrice, moins directement dépendante de l’environnement), il semble hélas que ce sont les comportements paléocéphaliques et limbiques qui régentent encore la majorité des sociétés humaines.

Il n’y a qu’à regarder le journal télévisé pour s’en rendre compte…

Malgré la science et la technique inventées par le néocortex humain, la ville moderne n’est en fin de compte qu’un moyen mis en œuvre par les groupes humains les plus forts (la classe dominante/possédante) pour assurer leur emprise sur la grande masse (salariée), celle-ci bénéficiant en retour - mais au prix de son aliénation - des richesses produites par la ville.

Et si l’on trouvait autre chose, une autre forme de relations sociales ? Si l’on faisait… comme les lichens ? Mais oui, vous savez, ce « végétal complexe formé de l’association d’une algue et d’un champignon microscopique, vivant en symbiose, très résistant à la sécheresse, au froid et au chaud » :

« Passe-moi le sucre, je te donne le sel »

C’est ainsi qu’un professeur de microbiologie a résumé le phénomène de la symbiose chez ces sympathiques « végétaux », laquelle consiste en une « association durable et réciproquement profitable entre deux organismes vivants ». Chez les lichens, cela se traduit par l’échange des bons procédés suivants : le champignon donne les sels minéraux dont ont besoin les algues, celles-ci leur donnant en échange les sucres qui leur sont vitaux. De plus, cette réciprocité les rend tous deux plus résistants au froid, à la chaleur et à la sécheresse. Qui dit mieux ?

Pour l’homme, espèce animale hautement complexe et, hélas, superprédatrice, la symbiose suppose un changement intérieur fondamental : le cerveau imaginant, associatif, devra transcender les tendances pulsionnelles ainsi que les automatismes sociaux des cerveaux reptiliens et limbiques.


Économie ou écologie ?

Savez-vous que l’économie actuelle - l’économie de marché - est la seule science où le paradigme thermodynamique est totalement ignoré ? Autrement dit, qu’elle considère le circuit économique comme fermé, alors que les ressources de l’écosystème Terre - renouvelables ou non - sur lesquelles elle s’appuie sont en nombre fini et qu’elles sont sujettes à dégradation ?

Cette erreur fondamentale provint d’un paradigme mécaniste et réductionniste né voici cinq siècles avec les premières grandes découvertes scientifiques ; la révolution industrielle d’il y a deux siècles environ verra le départ d’une croissance économique (et démographique) stupéfiante, où le deuxième principe de Carnot est purement et simplement ignoré car s’accordant mal avec la logique mercantiliste de l’économie capitaliste. L’entropie est, de fait, une « empêcheuse de gagner en rond(s) » !

Les deux principes de la thermodynamique ont été introduits par Sidi Carnot en 1824. Ils consistent sommairement en :

1) la loi de la conservation de l’énergie : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ; ce principe énonce l’équivalence quantitative de l’énergie totale de l’univers, ce dernier étant considéré comme un système fermé ; autrement dit, la qualité de l’énergie change, mais non sa quantité.

2) la loi de l’entropie : toute transformation d’énergie en une autre engendre une augmentation de l’entropie (énergie dégradée), c’est-à-dire « que tout processus énergétique s’accompagne d’une transformation dont une part du produit est perdue pour le système, au sens d’un travail utile ultérieur ».

Ainsi, le système économique actuel est largement responsable de la dégradation vertigineuse des fonctions mêmes de la nature. Car les paramètres économiques ignorent plus ou moins sciemment le concept de limite et de capacité de charge des écosystèmes naturels.


X ou Y ?

Entres autres, X désigne les chromosomes sexuels femelles, Y désignant les chromosomes sexuels mâles. Plus précisément, la formule femelle consiste en XX et la formule mâle en XY.

L’écologie est, au même titre que la biologie, la chimie, les mathématiques ou la physique, une science ; et qui dit science dit Homme, sui generis bien sûr, c’est-à-dire celle des femmes et des hommes formant l’espèce humaine qui peuple la Terre depuis pas mal de temps - les premiers hominidés seraient vieux d’environ 3,6 millions d’années.

Or, les bipèdes pensants que nous sommes avons acquis depuis un siècle environ un « droit » terrible : celui de vie et de mort sur l’ensemble des êtres vivants, de perturbation des éléments inorganiques (air, eau, roche) et des grands cycles physico-géochimiques, soit sur l’intégralité des composants de la biosphère terrestre.

Force est de constater que la balance penche plutôt du côté du « droit » de mort, par l’intoxication sans précédent d’un écosystème vivant prodigieux de complexité, et dont l’espèce humaine n’est qu’un des éléments.

Et là, les détenteurs du chromosomes Y - tant convoité par certains peuples au prix d’un véritable génocide des détentrices du seul chromosome X - n’y sont pas allés avec le dos de la cuiller : les instincts prépondérants de domination, de compétition, attributs masculins par « excellence », associés au prodigieux essor scientifique et technologique qui leur est subordonné, ont mené tout droit au pillage généralisé de la biosphère terrestre, à la destruction à grande échelle des plus faibles (guerres, exodes massifs) et au renforcement des inégalités sociales.

Ce qui précède n’est pas un jugement.

Pire : c’est un constat, sur lequel polémiquer est inutile, n’en déplaise aux machistes de tout poil - si j’ose dire. Il est maintenant plus que reconnu que ce sont les archétypes émotionnels mâles qui ont marqué notre civilisation judéo-chrétienne depuis en tout cas 2000 ans, fondés sur une véritable ségrégation des principes émotionnels féminins (sensibilité, intuition, sentiment, etc.)

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