Masculinisme (1)






Lorsque l’on se penche sur la question du féminisme, on finit forcément par les croiser : les « masculinistes ». Quoiqu’ils s’en défendent, ils constituent une réaction épidermique à la lutte des femmes pour leur liberté. Pour vous les présenter, je vais m’appuyer sur un petit fascicule, trouvé sur le site de la Termite Brailleuse, téléchargeable sur son site et que je vous conseille évidemment de lire attentivement. Les encadrés qui suivent en sont des extraits.




  
Le masculinisme se définit dans (au moins) deux directions.

La première, la plus récente en fait, est pragmatique, portée par des « faux-amis » déclarant rejeter tout sexisme, et se faisant parfois appeler « hoministe ».


Le masculiniste se plait, pour vous assurer de sa cohérence (et ne pas prendre le problème de front, ce qui ne passerait pas), à prendre pied à pied les revendications féministes, par exemple : lutte contre la violence faite aux hommes par les femmes (les « hommes battus »),  lutte contre la circoncision, comparée à l’excision, lutte contre les images publicitaires (entre autres) qui avilissent l’homme (par opposition à ces flots de pubs qui tendent à faire de la femme un objet) etc… l’essentiel du message est : pour nous aussi, la vie est dure.
Et peut-être même encore plus dure, parce que les femmes exercent une effroyable violence psychologique sur leur esprit, leur quotidien, leur droit d'être des hommes, des vrais.

LA VIOLENCE FAITES AUX HOMMES 
Les hommes connaissent le langage de la violence et ils peuvent être victimes de violences, mais cette violence est, dans l'immense majorité des cas, exercée par d'autres hommes. Les guerres sont des pratiques éminemment masculines qui engagent des hommes, contre d'autres hommes, pour le contrôle ou la conquête des territoires sur lesquels des hommes établissent leur domination. La « bagarre » pour défendre son honneur, ses biens (dont les femmes, considérées comme la propriété des hommes) ou pour imposer son autorité sur un groupe, sont aussi des pratiques masculines. Non pas parce qu'ils sont disposés génétiquement à se battre, mais parce que la société des hommes leur en a donné la possibilité. Quand les hommes sont victimes de violence, inutile donc de chercher la femme ou les femmes qui en seraient responsables. En regardant autour, on trouvera plutôt d'autres hommes. Si les masculinistes veulent nous apitoyer sur les hommes victimes de violences, c'est pour mieux s'attaquer aux femmes qu'ils jugent responsables de leur malheur. S'ils avaient vraiment à cœur de lutter contre les causes et les effets des violences que les hommes subissent ou même s'infligent, il faudrait qu'ils s'en prennent d'abord aux valeurs véhiculées par le patriarcat, ainsi qu'au modèle archaïque de la masculinité (virilisme, honneur, culte de l'agressivité, esprit de compétition, quête de la performance...).


ÉTAT DES LIEUX DES VIOLENCES CONJUGALES EN FRANCE 
Bien que les femmes soient exposées aux violences dans l'espace public et sur leurs lieux de travail (qui sont des espaces particulièrement sexistes), c'est bien dans le couple que les femmes subissent le plus de violences physiques, psychologiques et sexuelles. S'il est difficile de connaître précisément le nombre de victimes de ces violences qui ont lieu à l'abri des regards, dans l'espace confiné du foyer, on estime que 10% des femmes sont victimes de violences conjugales. Ces violences peuvent aller jusqu'au meurtre. Sur les 184 cas d'homicides conjugaux recensés en France en 2008, on compte 156 femmes pour 27 hommes. Ce qui représente une femme tuée tous les trois jours par son mari, conjoint, amant, ou « ex ». Depuis des années, ces proportions ne changent pas. Et les enquêtes montrent que, quand les hommes sont tués par leur compagne, dans les trois quarts des cas, les victimes sont des hommes qui battaient leur conjointe. Il est donc question de légitime défense. Là encore, il ne faut pas mettre sur le même plan des réactions violentes qui s'expriment de part et d'autre. L'une étant majoritairement offensive, l'autre défensive ou réactionnelle. C'est en effet pour échapper à une situation à laquelle elles ne voient pas d'issue, où la violence perdure depuis des années, que des femmes passent à l'acte. À l'inverse, les mobiles principaux reconnus pour les hommes qui passent à l'acte sont la jalousie et la séparation. Les hommes qui tuent « leur » femme ne supportent pas de perdre le contrôle ou de perdre « ce qui leur appartient ». Et la réaction peut-être extrêmement brutale.

Ce sont aussi eux qui escaladent grues et bâtiments publics pour dénoncer le montant des pensions alimentaires le rapt de leurs enfants. Ils en veulent tellement, des enfants, ils veulent tant s’en occuper, qu’ils proposent également qu’en cas de grossesse non-désirées, la femme ne soit pas seule autorisée à décider d’une IVG… c’est là qu’ils s’embrouillent les pinceaux, parce que s’ils se plaignent beaucoup de se faire faire des enfants dans le dos (alors, que, eh, oh, c’est pas comme ça qu’on les fait), se sont aussi des pro-vie mordants. Ils sont également les fervents défenseurs du Syndrome d’Aliénation parentale, mais aussi de la garde alternée qu’ils voudraient systématique.

LA GARDE ALTERNÉE 
En pratique, les mères déplorent que le partage des tâches liées à l'éducation et aux soins apportés aux enfants reste très inégalitaire. Et après la séparation, bien souvent, cette situation perdure. Aussi leur est-il difficile de croire ceux qui leur promettent de changer et de s'impliquer réellement. Non, les « nouveaux pères » ne courent pas les rues. « Pas avec ce père-là ! », cela signifie que les femmes n'ont pas confiance en leur « ex » dans le rôle d'éducateur au quotidien. Les connaissant, elles ne les voient pas prendre ce rôle au sérieux et changer radicalement de mode de vie, en faisant de la prise en charge de l'enfant leur priorité. Basées sur leur expérience, les appréhensions que les mères expriment sont souvent fondées. Lorsque la garde alternée est décidée, elles se retrouvent à assumer le plus souvent le rôle traditionnel impliquant de veiller au suivi médical et au suivi scolaire. Le père est, lui, décrit comme un « ado » qui découvre la réalité des contraintes que suppose la prise en charge effective d'un enfant : le souci permanent du bien-être de l'enfant et l'ajustement nécessaire de l'organisation de sa vie et de son espace pour accueillir l'enfant dans un cadre sécurisant. Plutôt que d'affronter de telles responsabilités, certains préfèrent continuer de privilégier l'implication dans les domaines gratifiants, tels que le jeu et les loisirs. 
 
Comment les pères s'y prennent-ils quand l'enfant est chez eux et qu'ils ne peuvent plus, désormais, déléguer le travail à la mère de l'enfant ? Des observations et des enquêtes révèlent que, une fois la résidence alternée obtenue par les pères, ceux-ci sont souvent loin de s'impliquer dans leur rôle de père et de prendre les mesures appropriées. Il faudrait en effet qu'ils acceptent quelques sacrifices, notamment en adaptant leurs horaires de travail, en désinvestissant partiellement la sphère professionnelle, en renonçant à certaines de leurs activités et à une partie de leur vie sociale. Or, on ne trouve pas que des papa-poules attachants, qui se plient en quatre pour leur enfant, comme le personnage central du film « Kramer contre Kramer ». Au contraire, il arrive très souvent qu'ils se délestent en partie de leur charge de parent en la transférant à des tiers. Et qui sont ces tiers ? Quasi systématiquement d'autres femmes. Ils confient en effet l'enfant à leur nouvelle conjointe, à des membres de leur famille (mère, soeur, etc.) ou bien, quand ils peuvent se le permettre financièrement, à des personnes rémunérées pour cela (personnel de maison, nounous, baby-sitter...).

Cette vilaine manie de détourner le travail des féministes en faisant beaucoup de bruit pour rien a trop souvent très mauvais goût, en témoigne cette campagne (pour le viol alors ?) parodique de la campagne « Don’t be that guy »contre le viol au Québec :




Ou ces affiches, qui en disent long sur l’aversion qu’ils portent à toutes ses salopes que sont les femmes (celles qui les quitte), plus agressive que la plus hard des diatribes féministes… Le Printemps des Pères, invention québécoise, est d'ailleurs de plus en plus critiqué pour la virulence de ses messages...


Ces masculinistes-là sont peut-être ceux dont il faut le plus se méfier : sous couvert de lutter contre le sexisme, tous les sexismes, y compris (en fait exclusivement) celui qui atteint les hommes, les médias leur prêtent une oreille encore trop indulgente.



Commentaires

À lire

Hard Lemon - Volubilis

Le Tzolkin : pratiques personnelles

Le Tzolkin : les bases

Relations inclusives / exclusives

La femme squelette - Clarissa Pinkola Estés

Le Tzolkin : petite introduction à l’astronomie maya